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Si les animaux sont à l'évidence dotés d'émotions, comme la joie, la crainte ou la peine, sont-ils capables d'éprouver des sentiments plus complexes, comme l'altruisme ou l'empathie ? Ont-ils un sens de la morale ou de la justice ? Pour certains éthologues, ces qualités pourraient avoir joué un rôle crucial dans la survie et l'évolution des espèces. A l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste de Leipzig et à l'université Emory d'Atlanta, des recherches sur le comportement de chimpanzés, d'éléphants ou de corbeaux mettent en lumière leurs qualités de coopération et leurs compétences sociales, cruciales pour assurer la cohésion et la survie du groupe. Sont-elles assimilables à une forme de morale, issue de l'évolution ? D'étonnantes réponses sont apportées par les scientifiques.

La critique par Perrine Dutreil
Dans la forêt tropicale ivoirienne, Victor, petit chimpanzé orphelin, est rejeté par les siens. Livré à lui-même, le bébé est-il promis à une mort certaine, ou suscitera-t-il chez l'un de ses congénères un élan de compassion ? C'est par ce cruel suspense que s'ouvre le film, explorant ensuite avec humour et pédagogie les travaux d'éthologues et de neurobiologistes sur la dimension affective du monde animal. Nos amies les bêtes sont-elles capables d'altruisme, de loyauté, de solidarité ? Ont-elles le sens de la morale et de la justice ?

De Leipzig à Atlanta, de Budapest à Zurich, les expériences filmées sont captivantes, et les réactions des animaux franchement drôles. Un singe capucin s'énerve violemment devant une situation qui lui semble injuste ; un chien boude parce qu'il n'a pas eu sa récompense ; un loup se fait gronder par le mâle alpha parce qu'il a enfreint les règles... Anthropomorphisme ? Que nenni, affirment les chercheurs, qui rappellent le rôle de ces comportements dans l'évolution des espèces. Et l'on découvre donc que les corbeaux sont assez rusés pour duper leurs semblables, que les rats peuvent volontiers s'entraider ou que les cochons distinguent joie et tristesse sur des visages humains... Par le foisonnement des exemples, le film achève de nous convaincre de la capacité, chez beaucoup d'espèces, à éprouver des émotions complexes. En ces temps de débat autour de la maltraitance animale, voilà un constat qui donne le vertige.
Perrine Dutreil